Noir.e.s à l'honneur

PAR Sadia Hussain

2022-02-24

Dans le cadre du mois de l’histoire des Noir.e.s, j’ai pu rencontrer et échanger avec Sandra Nzeneu, une femme déterminée et inspirante, qui nous partage son expérience en tant que femme noire en STIM.

Sandra, peux-tu me parler un peu de toi ?

Je suis Sandra Nzeneu, originaire du Cameroun, étudiante en maîtrise avec projet en technologie de l’information à l’École de technologie supérieure (ÉTS) et membre des Ingénieuses. Je suis également fondatrice de la startup HEEP Bot, spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA) et le traitement automatique du langage naturel qui développe des robots conversationnels pour humaniser et améliorer l’expérience client des entreprises. Passionnée par la technologie, j’ai choisi d’étudier en génie pour apporter des solutions aux besoins réels en utilisant des outils technologiques.

Quelles sont tes plus grandes réalisations ?

J’ai un parcours assez atypique comme j’aime bien le dire. Je suis à la base diplômée en tant qu’ingénieur en technologie automobile option mécatronique de l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Douala au Cameroun. C’est durant ma 5ème année universitaire que j’entends parler d’IA pour la première fois et ça provoque en moi une énorme curiosité d’apprendre davantage. C’est à cette occasion que durant le confinement où toutes les activités sont pratiquement tombées en pause, je découvre une grande passion pour le coding mais surtout le désir de pousser ma curiosité pour l’IA en essayant de voir comment cela pourrait être utile pour mon environnement.

C’est au sein de l’organisation WETECH (Women in Entrepreneurship and Technology), où je suis membre d’ailleurs, que je décide d’améliorer mes compétences de développeuse web, en plus des compétences préalablement acquises toute seule par des cours en ligne. Par la suite, c’est avec une équipe de femmes dynamiques que nous travaillons sur le premier projet de robot conversationnel appelé Sandra-CovidInfos237 capable de réaliser des tests et diagnostics rapides de la Covid via Messenger, afin de fournir un avis indicatif sur l’état des symptômes ressentis par une personne. Le succès de ce chatbot a encouragé la création de HEEP Bot par la suite.

C’est dans la vision de mettre sur pied une des plus grandes entreprises de développement de solutions intelligentes, que je suis motivée à m’inscrire en technologie de l’information à l’ÉTS pour apprendre mais surtout m’exercer par des projets pratiques pour atteindre le niveau d’expertise recherché.

Qu’est-ce que l’entreprise HEEP Bot ?

HEEP Bot (Human, Empathic, Enthralling and Personalized Bot) est une startup qui propose des services de développement de robots conversationnels intelligents afin d’aider les entreprises à réinventer leur processus d’affaires et la gestion de leur relation client grâce à une assistance virtuelle.

La pandémie a contribué à l’expansion fulgurante du commerce électronique et plusieurs entreprises ont dû réadapter leurs stratégies pour continuer à être rentable grâce au digital mais malheureusement plusieurs n’étaient pas préparées à la prise en charge du support client que ça exigerait. C’est dans cette logique que HEEP Bot se positionne pour améliorer le processus de vente des entreprises grâce à des robots conversationnels/chatbots qui intègrent un modèle d’IA, capables de comprendre les requêtes clients et d’y apporter des réponses, aussi faciliter l’accès aux informations sur les produits/service, tout ceci à partir de n’importe quelle plateforme de messagerie sociale (Facebook, Messenger, Instagram, Slack, site web…).

Aujourd’hui, notre objectif est de nous développer dans l’écosystème d’affaires du Québec.

De quoi es-tu le plus fière ?

Une de mes plus grandes fiertés, c’est mon parcours entrepreneurial qui n’a pas été un long fleuve tranquille mais qui a été très riche en expériences. Ça m’a permis de sortir de ma zone de confort et de me challenger pour créer de l’impact. J’ai également eu le privilège de rencontrer des personnes extraordinaires qui m’accompagnent et qui m’encouragent.

De plus, reprendre mes études dans mon domaine de passion et réussir mon intégration au Canada en tant que femme noire en STIM et immigrante, c’est un parcours qui me rend fière.

Nomme-nous un de tes obstacles que tu as dû affronter et comment as-tu fais pour y surmonter ?

Un des obstacles qui m’a marqué est la reprise de mes études, deux ans après avoir terminé ma formation précédente. Je me suis retrouvée dès mon arrivée dans un système éducatif tout autre, une nouvelle culture. C’était un peu compliqué au départ, mais j’ai travaillé dur en redoublant d’efforts et j’ai toujours garder en tête que je suis capable d’y arriver et d’exceller.

Je me rappelle que mes vacances à la fin de ma première session en été, ont été consacrées à me mettre à niveau dans les langages de programmation, car j’étais gênée de ne pas avoir le même niveau de réactivité que mes camarades quand l’enseignant abordait une notion.

Que penses-tu du Mois de l’histoire des Noir.e.s ?

L’histoire des Noir.e.s suscite en moi une forte émotion, parce que ça me rappelle d’où je viens, mes origines et ma culture. Mais surtout c’est une occasion de souligner et de mieux mettre en valeur les réalisations de la communauté noire et tout particulièrement des femmes noires en STIM.

Comment peut-on aider la communauté noire à s’épanouir ?

Pour moi, la meilleure manière est de valoriser et d’apprendre à mettre davantage en lumière les figures montantes de la communauté Noir.e.s. La plupart du temps, pendant le Mois de l’histoire des Noir.e.s, on soulève les peurs, les défis et l’ensemble des Black Trauma. Cependant, il y a toute une belle génération qui travaille fort, particulièrement des femmes noires qui font bouger les lignes dans tous les domaines d’activité et en STIM surtout. Il y a des générations qui doivent être mieux connues, alors mettons en avant ces personnes.

C’est quoi être une femme noire en STIM ?

Être une femme noire en STIM, c’est travailler dur pour ses rêves, avoir le sentiment de devoir faire plus pour se démarquer aux yeux des autres. C’est aussi créer de l’impact pour arriver à briser les stéréotypes en se dressant un parcours admirable.

Pourquoi la représentativité est importante ?

La représentativité est importante pour plus d’inclusivité et d’égalité. Ça permet de créer une forte présence et des figures modèles dans la communauté noire pour la jeune génération. En tant que jeune noire, avoir des figures noires, c’est pouvoir se dessiner un portrait d’encouragement et d’espoir en se disant que cette personne est comme moi, et si elle y est arrivée, alors moi aussi.

Quel conseil donnerais-tu à une jeune fille noire qui aimerait aller en ingénierie ?

Le conseil que je donne à toute jeune fille qui aimerait étudier en ingénierie, c’est de croire en son potentiel, de suffisamment rêver et d’oser. Garder en tête que son impact, ce n’est pas seulement pour elle, mais c’est pour un monde meilleur demain.